Stefan Zweig appartient à cette race d'hommes intègres, dévoué à l’art et à la paix, comme en font foi ses correspondances avec tout ce que son époque compte d’humanistes de premier plan. Il mûrit, s’imprègne de la haute société européenne cosmopolite et prend petit à petit ses distances avec l’atmosphère bourgeoise autrichienne.
Avec sa prodigieuse érudition, l’écrivain viennois offre au grand public une belle substance, mélange de science et d’histoire et en quelque sorte, libère ce qui était resté la propriété d’un cénacle d'érudits.
Avec clarté, précision et méthode irréprochables dans la documentation, il fait de ses biographies un plaisir ininterrompu. Il démêle et résout avec dextérité les énigmes des personnalités parfois sombres et souvent mystérieuses, que nous les profanes, avions abandonnés dans des tiroirs hermétiques.
Il rédige des biographies sur Balzac, Montaigne, Romain-Rolland, Joseph Fouché, Marie-Antoinette, Marie Stuart, Erasme de Rotterdam, Sébastien Castellion, Marceline Desbordes-Valmore, Magellan, Emile Verhaeren.
Il publie des essais et des biographies historiques sur Casanova, Tolstoï et Stendhal, sur Mesmer, Mary Baker-Eddy et Sigmund Freud, sur Hölderlin, Kleist et Nietzsche, sur Dostoïevski et Dickens, Amerigo Vespucci.
Il écrit des miniatures historiques sur Vasco Núñez de Balboa, Cicéron, Haendel.
Ces ouvrages ne sont pas le produit d’un historien froid qui analyse des faits pour leur donner un sens, mais d’un auteur raffiné, à la sensibilité exacerbée, qui, par la finesse des détails et la subtilité des descriptions psychologiques, révèle autant qu’il se révèle.
Stefan Zweig a produit une œuvre aussi abondante qu’éducative, qui, à l’instar de celle des plus grands, résiste remarquablement à l’épreuve du temps.
Guy Gabriel Ouazana